jeudi 25 décembre 2014

La recommandation du pape pour réanimer l’humanisme européen

La recommandation du pape pour réanimer l’humanisme européen


« Vous, députés européens, êtes appelés à une grande mission :prendre soin de la fragilité des peuples et des personnes »
Le pape François, évêque de Rome
Mardi 25 novembre 2014, au parlement européen
PapAStrasbourg
Ni enthousiaste, ni sceptique, le pape François a indiqué une voie aux Européens pour qu’ils retrouvent « vigueur » et « créativité » dans leur projet commun et dans leur contribution au monde. Mardi 25 novembre, l’évêque de Rome a passé un peu plus de quatre heures à Strasbourg, siège de deux institutions importantes : le parlement de l’Union européenne et le conseil de l’Europe. Il est intervenu non pas dans la posture d’un chef religieux défendant « sa » vérité, mais avec la conviction que l’Église catholique, « experte en humanité » et liée à l’Europe par « une histoire bimillénaire », peut et doit continuer à apporter sa contribution aux débats qui nourrissent la construction européenne.
Son discours devant le conseil de l’Europe a privilégié le thème de la paix – « reconnaitre dans l’autre non un ennemi à combattre mais un frère à accueillir ». Il a pris l’image d’un peuplier, « avec ses branches élevées vers le ciel et agitées par le vent, son tronc solide et ferme, ainsi que ses racines profondes qui s’enfoncent dans la terre », pour évoquer la nécessité d’un ancrage solide de tout projet dans la recherche de la « vérité ».  Il a estimé que le continent devait se concevoir comme « une Europe multipolaire » et qu’elle devait favoriser la « transversalité » entre toutes ses composantes.
Le pape n’a pas brandi le slogan des « racines chrétiennes » de l’Europe mais dans son premier discours, il s’est dit « convaincu qu’une Europe capable de mettre à profit ses propres racines religieuses, sachant en recueillir la richesse et les potentialités, peut être plus facilement immunisées contre les nombreux extrémismes qui déferlent dans le monde d’aujourd’hui et aussi contre le grand vide d’idées auquel nous assistons en Occident ».
« Au centre du projet européen, la confiance en l’homme »
Devant le parlement européen, s’exprimant en italien, le pape François a suggéré une conception des droits de l’homme qui ne se cantonne pas à la défense des « droits individuels ». »En m’adressant à vous aujourd’hui, je désire adresser à tous les citoyens européens un message d’espérance et d’encouragement », commence-t-il. « Encouragement pour revenir à la ferme conviction des Pères fondateurs de l’Union européenne, qui ont souhaité un avenir fondé sur la capacité de travailler ensemble, afin de dépasser les divisions et de favoriser la paix et la communion entre tous les peuples du continent. Au centre de cet ambitieux projet politique, il y avait la confiance en l’homme, non pas tant comme citoyen, ni comme sujet économique, mais en l’homme comme personne dotée d’une dignité transcendante ».
« L’indubitable centralité de la promotion de la dignité humaine »
« Notre histoire récente se caractérise par l’indubitable centralité de la promotion de la dignité humaine contre les violences et les discriminations », poursuit-il. « Un long chemin a contribué à former la conscience du caractère précieux de l’unicité, que l’on ne peut répéter, de toute personne humaine individuelle. Cette conscience culturelle trouve son fondement non seulement dans les événements de l’histoire mais surtout dans la pensée européenne, caractérisée par une riche rencontre, dont les nombreuses sources proviennent de la Grèce et de Rome, de fonds celtes, germaniques et slaves, et du christianisme qui l’a profondément pétrie, donnant lieu justement au concept de ‘personne’ ».
« Trop de situations où des êtres humaines sont traités comme des objets »
« Aujourd’hui, la promotion des droits humains joue un rôle central dans l’engagement de l’Union européenne, en vue de favoriser la dignité de la personne, en son sein comme dans ses rapports avec les autres pays », se félicite François. « Il s’agit d’un engagement important et admirable, puisque trop de situations subsistent encore dans lesquelles des êtres humaines sont traités comme des objets dont on peut programmer la conception, la configuration et l’utilité, et qui ensuite peuvent être jetés quand ils ne servent plus, parce qu’ils deviennent faibles, malades ou vieux ».
« Une revendication toujours plus grande des droits individuels »
« Promouvoir la dignité de la personne signifie reconnaitre qu’elle possède des droits inaliénables dont elle ne peut être privée au gré de certains et encore au moins au bénéfice d’intérêts économiques », ajoute-t-il. « Mais il convient de faire attention pour ne pas tomber dans des équivoques qui peuvent naître d’un malentendu sur le concept de droits humains et d’un abus paradoxal. Il y a aujourd’hui une revendication toujours plus grande des droits individuels, qui cache une conception de la personne humaine détachée de tout contexte social et anthropologique, presque comme une ‘monade‘, toujours plus insensible aux autres ‘monades’ présentes autour de soi. Au concept de droit, celui – aussi essentiel et complémentaire – de devoir ne semble plus associé ».
« Relier la dimension personnelle à celle de bien commun »
« Par conséquent, je considère qu’il est plus que jamais vital d’approfondir aujourd’hui une culture des droits humains qui puisse sagement relier la dimension individuelle, ou mieux, personnelle, à celle de bien commun, de ce ‘nous-tous’ formé d’individus, de familles et de groupes intermédiaires qui s’unissent en communauté sociale », insiste le pape. « En effet, si le droit de chacun n’est pas harmonieusement ordonné au bien plus grand, il finit par se concevoir comme sans limites, et par conséquent, devenir source de conflits et de violences ».
« La solitude, une des maladies les plus répandue en Europe »
« Parler de la dignité transcendante de l’homme signifie donc faire appel à sa nature, à sa capacité innée de distinguer le bien du mal, à cette ‘boussole’ inscrite dans nos cœurs et que Dieu a imprimée dans l’univers créé », explique-t-il. « Cela signifie surtout de regarder l’homme non pas comme un absolu, mais comme un être relationnel. Une des maladies que je vois la plus répandue aujourd’hui en Europe est la solitude. On la voit particulièrement chez les personnes âgées, souvent abandonnées à leur destin, comme aussi chez les jeunes privés de points de référence et d’opportunités pour l’avenir; on la voit chez de nombreux pauvres qui peuplent nos villes; on la voit dans le regard perdu de migrants qui sont venus ici en recherche d’un avenir meilleur ».
« L’être humain risque d’être réduit à un simple engrenage »
« A cela s’ajoute des styles de vie un peu égoïstes, caractérisés par une opulence désormais insoutenable et souvent indifférente au monde environnant, surtout aux plus pauvres », s’inquiète François. « On constate avec regret une prévalence des questions techniques et économiques au centre du débat politique, au détriment d’une authentique orientation anthropologique. L’être humain risque d’être réduit à un simple engrenage d’un mécanisme qui le traite à la manière d’un bien de consommation à utiliser, de sorte que lorsque la vie n’est pas utile au fonctionnement de ce mécanisme, elle est éliminée sans trop de scrupule, comme dans le cas des malades en phase terminale, des personnes âgées abandonnées et sans soin, ou des enfants tués avant de naître ».
« Force et tendresse au milieu d’un modèle fonctionnaliste et privatisé »
« Dans votre vocation de parlementaires, vous êtes aussi appelés à une grande mission : prendre soin de la fragilité des peuples et des personnes », recommande-t-il. « Prendre soin de la fragilité veut dire force et tendresse, lutte et fécondité, au milieu d’un modèle fonctionnaliste et privatisé qui conduit inexorablement à la ‘culture du déchet’. Prendre soin de la fragilité de la personne et des peuples signifie garder la mémoire et l’espérance; signifie prendre en charge la personne présente dans sa situation la plus marginale et angoissante et être capable de l’oindre de dignité ».
« Platon et Aristote, le ciel et la terre »
« Comment donc redonner espérance en l’avenir, de sorte que, à partir des jeunes générations, on retrouve la confiance afin de poursuivre le grand idéal d’une Europe unie et en paix, créative et entreprenante, respectueuse des droits et consciente de ses devoirs? », interroge le pape. « Permettez moi de recourir à une image. Une des fresques les plus célèbres de Raphaël, qui se trouvent au Vatican, représente l’École dite d’Athènes. Au centre se trouve Platon et Aristote. Le premier a le doigt qui pointe vers le haut, vers le monde des idées, nous pourrions dire vers le ciel; le second tend la main en avant, vers celui qui regarde, vers la terre, la réalité concrète. Cela me parait être une image qui décrit bien l’Europe et son histoire, faite de la rencontre continuelle entre le ciel et la terre, où le ciel indique l’ouverture à la transcendance, à Dieu, et qui a depuis toujours caractérisé l’homme européen, et la terre qui représente sa capacité pratique et concrète à affronter les situations et les problèmes ».
« S’ouvrir à la dimension transcendante de la vie »
« L’avenir de l’Europe dépend de la redécouverte du lien vital et inséparable entre ces deux éléments », repend-il. « Une Europe qui n’a plus la capacité de s’ouvrir à la dimension transcendante de la vie est une Europe qui lentement risque de perdre son âme, ainsi que cet esprit humaniste qu’elle aime et défend cependant. Précisément à partir de la nécessité d’une ouverture au transcendant, je veux affirmer la centralité de la personne humaine, qui se trouve autrement à la merci des modes et des pouvoirs du moment. En ce sens, j’estime fondamental, non seulement le patrimoine que le christianisme a laissé dans le passé pour la formation socioculturelle du continent, mais surtout la contribution qu’il veut donner, aujourd’hui et dans l’avenir, à sa croissance ».
« Une histoire bimillénaire lie l’Europe et le christianisme »
« Un auteur anonyme du IIe siècle a écrit que ‘les chrétiens représentent dans le monde ce qu’est l’âme au corps’ », conclut-il. « Le rôle de l’âme est de soutenir le corps, d’en être la conscience et la mémoire historique. Et une histoire bimillénaire et aussi de péchés lie l’Europe et le christianisme. Une histoire non exempte de conflits et d’erreurs mais toujours animée par le désir de construire pour le bien. Nous le voyons dans la beauté de nos villes et plus encore dans celles des multiples œuvres de charité et d’édification commune qui parsèment le continent. Cette histoire, en grande partie, est encore à écrire. Elle est notre présent et aussi notre avenir. Elle est notre identité. Et l’Europe a fortement besoin de redécouvrir son visage pour grandir, selon l’esprit des Pères fondateurs, dans la paix et la concorde, puisqu’elle même n’est pas encore à l’abri des conflits ».
« L’Europe qui contemple le ciel et protège l’homme »
« Chers eurodéputés, l’heure est venue de construire ensemble l’Europe qui tourne, non pas autour de l’économie, mais autour de la sacralité de la personne humaine, des valeurs inaliénables; l’Europe qui embrasse avec courage son passé et regarde avec confiance son avenir pour vivre pleinement son espérance du moment. Le moment est venu d’abandonner l’idée d’une Europe effrayée et repliée sur elle-même, pour susciter et promouvoir l’Europe protagoniste, porteuse de science, d’art, de musique, de valeurs humaines et aussi de foi. L’Europe qui contemple le ciel et poursuit des idéaux; l’Europe qui regarde, défend et protège l’homme; l’Europe qui chemine sur la terre sûre et solide, précieux point de référence pour toute l’humanité ».

Turquie, les quatre vérités sur le terrorisme du président Erdogan

Turquie, les quatre vérités sur le terrorisme du président Erdogan


« La France doit être la plus grande amie de la Turquie en Europe »
Recep Tayyip Erdogan, président de la République turque
Vendredi 31 octobre, à l’Automobile club de France
Erdogan
A 60 ans, Recep Tayyip Erdogan n’a rien perdu de sa verve. L’homme fort de la Turquie a prononcé un discours tonique vendredi 31 octobre devant une assistance réunie sous les auspices de l’Institut français de relations internationales (Ifri). Peu après sa rencontre avec François Hollande à l’Élysée, il a notamment manifesté de fortes attentes envers la France, après la période glaciale traversée par les relations franco-turques durant la présidence de Nicolas Sarkozy. Il a longuement expliqué pourquoi la bataille deKobané, ville syrienne défendue par des Kurdes face à l’organisation djihadiste Daech, n’avait pas de grande signification à ses yeux.
Président de la République turque depuis août 2014 après avoir été premier ministre sans discontinuer pendant onze ans, Recep Tayyip Erdogan a refaçonné la politique étrangère de son pays, en s’appuyant sur la confrérie des Frères Musulmans comme partenaire privilégié et relais d’influence dans le monde arabe. S’appuyant sur des valeurs conservatrices musulmanes, il a aussi transformé le visage de son pays. Fougueux, péremptoire, ce leader charismatique s’est livré sans artifice, vendredi, à un tour d’horizon des grands problèmes du Moyen-Orientdurant son discours et dans ses réponses aux questions.
« J’espère que nous avons engagé un nouveau processus avec la France »
« Les relations franco-turques ont un grand potentiel », a-t-il commencé. « La France et la Turquie sont de grands pays. Elles partagent des relations historiques, culturelles, politiques, économiques depuis des siècles. Mais il ne faut pas que leurs visions en politique étrangère soient endommagées par des préjugés relevant de la politique intérieure. Jusqu’au président Chirac, la France a toujours soutenu le processus d’adhésion de la Turquie à l’Union européenne. Puis les choses ont changé. J’espère que nous avons engagé un nouveau processus ».
« L’adhésion à l’Europe est un droit naturel, légitime, de la Turquie »
« La Turquie est depuis 1963 à la porte de l’Union européenne », a-t-il relevé. « C’est incompréhensible. Aucun autre pays ne s’est vu traité de la sorte. Ces dernières années, le processus d’adhésion souffre d’un ralentissement sérieux. Nous espérons que les promesses seront tenues. L’adhésion est un droit naturel, légitime, de la Turquie. Et son intégration sera une réponse appropriée à la thèse du clash des civilisations. La France peut le comprendre, donc on espère qu’elle aura un rôle de facilitateur vis-à-vis de l’UE. La France doit être la plus grande amie de la Turquie en Europe. C’est d’elle que nous attendons le plus grand soutien, la plus grande compréhension ».
« Kobané n’est qu’une partie minime du drame »
Recep Tayyip Erdogan a surtout longuement parlé de la situation en Syrie et en Irak, où l’organisation djihadiste Daech est depuis l’été la cible de frappes aériennes d’une coalition dirigée par les États-Unis. Il a tenté de faire comprendre pourquoi, de son point de vue, Daech représentait un péril moindre pour son pays que le PKK, organisation de guérilla en lutte armée contre l’État turc depuis 1984. « Aujourd’hui on ne parle que de Kobané assiégée par Daech », a-t-il commenté. « Or Kobané n’est qu’une partie minime du drame qui se joue dans cette région. Pourquoi donc en fait-on un tel enjeu stratégique? Y a-t-il de l’or? des diamants? S’il y a un pays pour lequel ce devrait être stratégique, c’est bien la Turquie, puisqu’elle est à nos frontières ».
> Lire une chronologie de la bataille de Kobané et les dernières informations sur le renfort de Peshmergas Kurdes irakiens
« Homs a été bombardée, les alliés n’ont pas réagi »
« Les vrais amis doivent dire la vérité, même si elle fait mal », argumente-t-il. « En Syrie, Hama a été bombardée, les alliés n’ont pas réagi; Homs a été bombardée, les alliés n’ont pas réagi; Deir-ez-Zor a été bombardée, les alliés ont gardé le silence. Et là, la coalition mène des bombardements pour Kobané. Pourquoi? On nous dit qu’il faut aider le PYD – allié syrien du PKK – en leur donnant des armes. Je dis : c’est une erreur, car le PYD est une organisation terroriste et que les civils ont de toute façon fui Kobané : 200 000 personnes, qui sont aujourd’hui chez nous, en Turquie. Ce feu vert donné par les Occidentaux au PKK et au PYD nous questionne ».
« Il y a aussi le terrorisme de l’État syrien »
« Daech est une organisation terroriste », assure le président turc. « Mais il y a aussi le terrorisme de l’État syrien. Et là, j’ai du mal à suivre le système de sécurité international, qui accorde une attention particulière aux armes chimiques mais se désintéresse des armes conventionnelles. Les armes chimiques ont tué environ 2000 personnes en Syrie, les armes conventionnelles environ 300 000! Sept millions de Syriens ont dû fuir leur foyer – dont 1,6 millions sont réfugiés en Turquie. Les nations devraient s’unir contre ce dirigeant, à Damas, et le déférer devant la Cour pénale internationale ! »
« La politique occidentale du deux poids, deux mesures »
« La politique occidentale du deux poids, deux mesures blesse les consciences au Moyen-Orient », prévient-il, « des blessures qui peuvent durer des décennies. S’il n’y a pas de justice dans cette région, les dégâts seront encore plus importants et ils finiront par atteindre l’Europe occidentale. C’est pourquoi il faut discuter de toutes ces questions dans une approche inclusive. Tous les problèmes sont liés les uns aux autres. Il faut aussi avoir une approche équilibrée et juste, savoir faire la part des choses entre Kobané et les 300 000 morts de la guerre en Syrie ».
« La Turquie combat le terrorisme depuis 30 ans »
« La presse occidentale accuse la Turquie d’aider Daech. C’est faux, nous n’avons pas commis cette erreur. Il n’est pas question pour la Turquie de soutenir ce groupe terroriste », riposte Recep Tayyip Erdogan. « La Turquie combat le terrorisme depuis 30 ans, elle sait les dégâts que cela peut faire. Elle a mené de nombreuses réformes dans le sens de la démocratie et des droits de l’homme. Elle a engagé un processus de résolution des problèmes avec les Kurdes avec l’objectif de mettre fin au terrorisme. Elle a mis fin au déni de la reconnaissance de l’existence de communautés différentes dans le pays ».
« 250 000 classes construites »
« Il y a quelques semaines, beaucoup de Kurdes d’origine turque ont été tués par le PKK », affirme-t-il. « Des centaines d’écoles et des cliniques ont été incendiées, des magasins ont été détruits parce que leurs propriétaires n’étaient pas du côté du PKK. Mais nous n’avons pas changé de stratégie. Nous faisons avancer le processus avec patience et détermination. Cela gêne le groupe terroriste. Le pays se développe en outre rapidement. Cela aussi gêne le groupe terroriste. Nous avons construits 250 000 classes supplémentaires. Il y avait 6100 kilomètres d’autoroute dans le pays, il y en a aujourd’hui 17.000. Il y avait 26 aéroports, il y en a aujourd’hui 52, y compris dans les provinces de l’Est et du sud-est. Cela gêne l’organisation terroriste, qui en a saboté certains. Elle n’est pas tolérante, pas plus que le parti qui en est la manifestation politique. Mais nous continuerons. Il n’y a pas d’autres solutions que la paix ».
« L’Arménie et la diaspora ont une approche idéologique »
« Nos pratiques sont comparables à celles en vigueur dans les pays de l’Union européenne », assure le chef de l’État turc. « Pourtant, nous sommes victimes de campagne de diffamation et de désinformation en Europe. Une autre injustice est la façon dont on traite les événements de 1915. L’Arménie et la diaspora arménienne ont une approche idéologique, non constructive. Pour nous, ce n’est pas une question politique, elle ne doit pas être instrumentalisée. Nos archives sont ouvertes, il y a un million de documents à examiner. Il faut que des historiens, des archéologues, des juristes, des politologues travaillent pour que ces événements soient bien compris et situés dans leur contexte. On espère que, de son côté,  la France agira avec lucidité et bon sens ».
« Il n’y a pas besoin d’une réforme de l’islam »
Répondant à une dizaine de questions, Recep Tayyip Erdogan a notamment affirmé que Daech ne pouvait pas être présenté comme une ‘organisation islamique’ car, affirme-t-il, « le mot islam vient du mot paix ». « Il n’y a pas besoin d’une réforme de l’islam », ajoute-t-il. « L’enjeu est plutôt que les autorités religieuses musulmanes doivent s’exprimer davantage sur certains sujets, et recourir à des interprétations plus larges ».
« La Turquie n’acceptera pas de changement de frontières »
Il explique que « la Turquie n’acceptera pas de changement de frontières au Moyen Orient ». « Au final le peuple irakien sera vainqueur et l’intégrité territorial de l’Irak sera respectée », insiste-t-il. « Idem pour la Syrie ». Sur l’Ukraine, « la Turquie n’accepte pas l’occupation par la Russie de la Crimée, dont 14% de la population est constituée de Turcs Tatars. L’intégrité territoriale et l’indépendance de l’Ukraine doivent être respectées ».
 » Gaza, une prison à ciel ouvert »
Il regrette que l’Iran poursuive une approche confessionnelle et communautaire de sa politique étrangère – « j’en suis attristé car nous partageons la même religion », précise-t-il. Sur Gaza – « une prison à ciel ouvert » -, il   s’interroge : « Si l’on croit à la déclaration universelle des droits de l’homme, si l’on agit par humanisme, on se demande pourquoi les habitants de Gaza subissent un tel traitement ». Enfin, il rappelle son mépris pour le maréchal Sissi, élu en mai 2014 président de l’Égypte après avoir renversé le président Mohamed Morsi. « Je suis un leader démocratique. Je ne veux pas être à la même table que quelqu’un qui tire sa légitimité d’un coup d’État. Je ne veux pas lui accorder d’importance donc je ne lui parle pas. Quant au monde occidental, est-il pour ou contre la démocratie? Pour ou contre les coups d’État? Au vu de ce qui se passe en Égypte, il semblerait qu’il soit du côté des coups d’État ».

Emploi, croissance, fiscalité, les urgences européennes de Pierre Moscovici

Emploi, croissance, fiscalité, les urgences européennes de Pierre Moscovici


« Notre volonté politique est que l’Europe bascule dans un nouveau monde sans secret bancaire »
Pierre Moscovici, commissaire européen aux Affaires économiques et financières, à la fiscalité et aux douanes
Lundi 10 novembre, dans les bureaux de la Commission européenne
moscovici
Pierre Moscovici fréquente l’Europe depuis au moins vingt ans – député européen entre 1994 et 1997 puis entre 2004 et 2007, et ministre des affaires européennes du gouvernement Jospin entre 1997 et 2002 . Militant résolu de la construction européenne, il adopte un ton grave aujourd’hui pour évoquer l’avenir. « Je souscris totalement à l’expression ‘Commission de la dernière chance’ employée par Jean-Claude Juncker, qui préside cette Commission », a-t-il expliqué lundi 10 novembre devant une quarantaine de journalistes réunis pour sa première conférence de presse parisienne après sa prise de fonction comme commissaire européen, à Bruxelles, dix jours auparavant. « Il est moins cinq, en effet. Il est vital que l’UE produise des résultats en matière de croissance et d’emplois, par l’investissement ».
« Un message de mécontentement, de méfiance »
« Les dernières élections européennes ont envoyé un message de désenchantement, de mécontentement, de méfiance, exprimé notamment par les jeunes et les milieux populaires « , souligne-t-il. « En France, 40% des jeunes et 40% des ouvriers ont voté pour le Front national. Ce message doit être entendu. Nous avons cinq ans pour montrer que le projet européen est fait pour eux, pour les gens. Faute de quoi, les prochaines élections, dans cinq ans, seront celles du rejet. Il nous faut résolument changer la priorité de l’action européenne, de l’action de la Commission européenne. En disant cela, je ne critique pas ce qui a été fait avant. Il y avait une crise financière, il fallait stabiliser la situation. Aujourd’hui, il faut une phase de dynamisme ».
« Le chantier prioritaire de la lutte contre le chômage des jeunes »
« À titre personnel, puisque cela ne figure pas parmi mes attributions, je considère que la lutte contre le chômage des jeunes est un chantier prioritaire », affirme-t-il. « Moi, j’ai 57 ans. Mon père a fui la Roumanie. Ma mère est d’origine polonaise. La réconciliation européenne, ça me parle. Mais ça ne dit rien aux jeunes Grecs, Français, Espagnols, qui à 25 ans n’ont jamais eu l’occasion de travailler. Qu’est ce que ça peut leur faire, ce qui s’est passé il y a 70 ans? Il est vital d’aller sur leur terrain. Les taux de chômage sont vertigineux. Comment imaginer qu’ils puissent voter pour l’Union européenne, qu’ils puissent se dire que l’Europe est faite pour eux ».
Le « papier » de François Villeroy de Galhau
Il explique qu’il a récemment déjeuné avec François Villeroy de Galhau, un des hauts dirigeants de BNP Paribas, ancien condisciple de l’ENA (1984, promotion Louise Michel) qui, dans un livre tout récent, « L’espérance d’un Européen », plaide pour un programme européen visant le plein-emploi des jeunes. « Il m’a remis un papier. Je vais le transmettre à Jean-Claude Juncker », glisse-t-il.
« Un nouveau monde où le secret bancaire n’a plus cours »
Jean-Claude Juncker, nouveau président de la Commission européenne, est déstabilisé par des révélations sur un vaste système d’évasion fiscale lorsqu’il était Premier ministre du Luxembourg (1995-2013). « Des enquêtes ont été lancées par la Commission précédente pour vérifier la conformité de ces régimes fiscaux avec les règles de la concurrence au sein de l’Union », explique Pierre Moscovici. « Nous voulons la transparence. Le président, comme nous tous, est conscient que nous sommes entrés dans un autre monde; que les pratiques du passé, lorsque le secret bancaire était érigé en totem, n’ont plus cours ».

« J’ai en charge les questions de fiscalité au sein de la Commission », ajoute-t-il. « Or je suis engagé de longue date dans le combat contre l’évasion fiscale et le secret bancaire, y compris chez nos voisins qui n’appartiennent pas à l’Union. Nous voulons faire en sorte que l’échange automatique d’informations fiscales entre les pays devienne le standard mondial d’ici 2016. Cela signifie adopter les standards de l’OCDE, les faire adopter par le G20, puis élaborer une législation européenne. On ira vite car j’ai la confiance du président pour cela. Je ne me sens pas retenu, je me sens au contraire mandaté.  Il y a une unité contre la fraude fiscale, contre l’évasion fiscale, contre l’évasion des bases fiscales ».
« J’ai toute confiance en Jean-Claude Juncker »
« Nous sommes à un moment où un monde s’écroule et où il faut en construire un nouveau », insiste l’ancien ministre des finances du gouvernement Ayrault. « Jean-Claude Juncker, comme nous tous, a son passé, avec une expérience précieuse et des lacunes. Il faut être modeste. Mais on devient ce qu’on est. Est-il apte à être président de la commission? À l’évidence, oui. C’est un grand Européen, il a une expérience énorme, il connait tout de l’Europe. J’ai toute confiance en lui. Il a la volonté de faire rentrer l’Europe dans une nouvelle ère. Je suis parfaitement à l’aise dans cette Commission ».
« Quand on n’investit pas, on plombe son avenir »
« Dans mes attributions, je me sens comme le barreur d’un navire dont le cap a été fixé par le président », poursuit-il. « Je suis en lien harmonieux avec deux vice-présidents, Jyrki Katainen et Valdis Dombrovskis. Mon portefeuille est à l’intersection d’un triptyque : le sérieux budgétaire, les réformes structurelles pour rendre l’économie plus compétitive, et la relance de l’investissement. Ce point est vital. Au cœur du déficit de croissance, il y a un déficit d’investissement, qui est aujourd’hui très en deçà du niveau de 2008. L’Europe investit beaucoup moins que les États-Unis et les pays émergents. Or quand on n’investit pas, qu’on n’innove pas, on plombe son avenir ».
« Ni condescendance, ni misérabilisme envers la France »
« En France, on est dans une attitude d’autoflagellation », regrette Pierre Moscovici. « C’est inutile et contreproductif. Il est faux de parler de la France comme l’homme malade de l’Europe, comme un pays en déclin. Elle reste la deuxième économie européenne et la 5° du monde, elle appartient au G7. Il ne faut accepter ni condescendance, ni misérabilisme. Certes, la France a des problèmes et il faut les traiter. Il faut faire des efforts sur les finances publiques, défendre la compétitivité de nos entreprises, et rester en conformité avec les règles européennes communes ».
« Un risque de déflation »
« Il y a par ailleurs un risque de déflation », prévient-il. « La Commission européenne estime aujourd’hui que nous n’y sommes pas. Mais il y a un risque que nous soyons dans une période de très faible inflation – on prévoit 0,5% en 2014, 1% en 2015, 1,5% en 2016 – , de très faible croissance, et de chômage élevé. C’est une situation économiquement difficile, politiquement invivable et socialement insupportable ».
« Le carré magique d’une politique de croissance »
« Il faut donc envisager une politique de croissance », indique-t-il. « Le carré magique, c’est : une politique monétaire adaptée; une politique de consolidation budgétaire ferme mais intelligente; des réformes de structure accroissant la compétitivité des entreprises; et un effort partagé pour l’investissement ».
« La Commission travaille d’arrache pied au plan d’investissement »
Justement, Jean-Claude Juncker a promis en juillet un plan d’investissements de 300 milliards d’euros en trois ans pour lutter contre le chômage et renouer avec la croissance sans en préciser les contours. « La Commission y travaille d’arrache-pied. Elle le fera connaitre bien avant la fin de l’année », assure le Commissaire aux affaires économiques et financières, qui a participé la semaine dernière à une réunion sur ce sujet. « C’est Jyrki Katainen qui est charge. Il va s’agir d’investissements ciblés sur les technologies et les emplois de demain ».
« L’épargne européenne est abondante »
« Le plan fera appel autant que possible aux investisseurs privés et autant que nécessaire aux investisseurs publics »,  résume-t-il. « La Banque européenne d’investissement en sera un bras armé essentiel. Les sources de financement existent, l’épargne européenne est abondante. Il faut la flécher sur les investissements. Il faudra ensuite avancer projet par projet ».
« L’Allemagne a adopté une approche coopérative »
Longtemps réticente, « l’Allemagne a adopté une approche coopérative », annonce-t-il. « J’ai déjeuné en tête à tête avec Wolfgang Schaüble. Je suis optimiste. L’Allemagne a conscience du besoin d’investissement chez elle et de ses responsabilités envers l’Europe ».
« Si on tire sur les institutions communautaires, on se marginalise »
« Serviteur de l’intérêt général européen », Pierre Moscovici explique en même temps que « s’il y a des idées françaises » en matière de politique économique, « je les ferai connaître en Europe ». « L’Europe n’est pas une contrainte extérieure », argumente-t-il. « Tous les traités ont été votés par le parlement ou par le peuple français. Il faut donc respecter les institutions communautaires. Si on tire sur elles, on se marginalise, on perd son influence. Au contraire, on gagne de l’influence en allant au cœur. Aujourd’hui, je suis au cœur du cœur ».
« Budget 2015, Paris n’ignore rien de ce qu’attend la Commission »
Pierre Moscovici sait que sa position peut l’exposer à de virulentes attaques depuis Paris. Il sera en première ligne dans quelques jours pour commenter le projet de budget de la France pour 2015, examiné comme ceux de tous les autres États-membres. Bruxelles ne croit pas que la France tiendra ses objectifs budgétaires – un déficit de 4,3% -  l’an prochain, et estime même que la situation va s’aggraver en 2016, éloignant le scénario d’un retour sous 3% l’année suivante comme le promet Paris.

« La Commission peut faire preuve de flexibilité en contrepartie d’efforts structurels réels et durables », détaille-t-il. « Des actions effectives en faveur de la compétitivité et de la croissance doivent être posés et clairement exposées. Michel Sapin et Emmanuel Macron n’ignorent rien de ce que souhaite la Commission ».
« Un accord possible sur la taxe sur les transactions financières »
Le Commissaire européen fait enfin le point sur la Taxe sur les transactions financières, qui relève de son portefeuille. « Une coopération a été décidée par onze États membres dont l’Allemagne, la France, l’Italie et l’Espagne. La Commission joue le rôle d’honnête courtier. Un accord est possible d’ici la fin de l’année. La destination probable de cette taxe sera le financement du développement. C’est son objet. C’est une question d’éthique ».
« Trois priorités sur la fiscalité »
« Ce précédent pourra peut-être débloquer d’autres problèmes », se réjouit-il. « On pourrait systématiser les coopérations renforcées sur tout un tas de sujets fiscaux bloqués par la règle de l’unanimité, comme l’harmonisation de l’impôt sur les sociétés. En tout cas, en matière de fiscalité, j’aurai trois priorités : la lutte contre l’évasion fiscale; l’aboutissement de la taxe sur les transactions financières; et la relance de l’harmonisation fiscale ».

Formation, nouvelles coopérations entre la France et l’Allemagne

Formation, nouvelles coopérations entre la France et l’Allemagne


« Les frontières nationales ne doivent plus faire écran pour l’emploi des jeunes »
Annegret Kramp-Karrenbauer
Ministre-présidente de la Sarre
Mercredi 17 décembre 2014 à l’ambassade d’Allemagne
Annegret
La relation franco-allemande ne se limite pas à l’entente ou à la mésentente entre un président de la république et une chancelière – et heureusement ! De très nombreuses relations se développent au quotidien entre des acteurs engagés dans lacoopération et les échanges.
Annegret Kramp-Karrenbauer joue, dans ce paysage, un rôle important. Ministre-présidente du Land de la Sarre depuis 2011, elle a décidé d’accélérer le développement de ce petit territoire d’un million d’habitants, voisin du Luxembourg et de  la Lorraine, en misant sur sa proximité avec la France.
Elle a été en outre pendant quatre ans chargée des relations entre les Länder allemands et la France sur les questions d’éducation et de culture. Un poste de « ministre plénipotentiaire » qu’elle s’apprête à céder à Olaf Scholz, maire de Hambourg. De passage à Paris, elle a dressé un bilan de son action devant quelques journalistes réunis à l’ambassade d’Allemagne.
« Une grosse lacune dans les échanges : la formation professionnelle »
« Il y a des échanges excellents entre la France et l’Allemagne au niveau des lycées, des grandes écoles, des universités », explique cette femme politique membre de l’Union chrétienne démocrate (CDU), qui a été successivement ministre de l’Intérieur, de l’Éducation puis du Travail dans la Sarre, avant de devenir chef de l’exécutif régional en 2011. « Mais il y avait une grosse lacune : la formation professionnelle. L’écart culturel entre les systèmes d’éducation de nos deux pays est très grand et de très nombreux acteurs – chambres consulaires, partenaires sociaux, administrations nationales et territoriales… – interviennent sur ces sujets ».
« Le chômage des jeunes, une menace pour la cohésion interne de nos sociétés »
 » Dès le début, ce fut un de mes axes prioritaires : développer les échanges dans le domaine de l’apprentissage et ainsi lutter contre le chômage des jeunes, qui est à mes yeux une mission prioritaire de l’Europe, de nos pays et de la relation franco-allemande », explique-t-elle. « Le chômage des jeunes représente en effet une menace non négligeable pour la cohésion interne de nos sociétés et dans l’Union européenne en général. Quand la jeunesse ne voit pas de perspective, l’enthousiasme et l’énergie se transforment en frustration et désillusion ».
« Qualification et mobilité »
« Il n’y a pas de recette miracle, mais je suis convaincue que deux points sont particulièrement importants », poursuit Annegret Kramp-Karrenbauer. « D’une part, les jeunes doivent être suffisamment formés et qualifiés. D’autre part, ils ont besoin de mobilité afin que ceux qui cherchent une chance et que ceux qui offrent une chance se rencontrent sur le marché du travail. Les frontières nationales ne doivent plus faire écran ».
« Deux filières professionnelles de formation franco-allemandes »
« Nous avons réussi à créer deux filières professionnelles de formation franco-allemandes », se félicite-t-elle. « La première délivre un bac professionnel de mécanicien aéronautique, option maintenance des systèmes de cellule. Elle associe le lycée professionnel Flora Tristan de l’Aérocampus de Latresne, dans l’agglomération de Bordeaux, et l’école technique professionnelle d’Offenbach, dans la région de Francfort. La seconde, qui doit ouvrir à la rentrée 2015, est dans le secteur automobile et elle associe le lycée André Citroën de Marly, dans l’agglomération de Metz, et le centre professionnel Saint Ingbert, près de Sarrebrück. A partir de ces deux premiers piliers, il s’agira de créer un réseau de filières et de lycées professionnels franco-allemands comme il en existe pour l’AbiBac. D’autres établissements ont déjà fait part de leur intérêt à Munich, Hambourg, Dijon, et aussi dans le Land de Thuringe, qui manifeste un grand dynamisme franco-allemand ».
« Transformer les frontières en passoire »
« L’autre priorité, pour moi, a été de développer les échanges de formation entre régions transfrontalières », ajoute la « ministre plénipotentiaire ». « Il y a là un potentiel immense. L’idée est qu’un jeune apprenti soit formé dans sa langue maternelle, chez lui, sur le plan théorique, et sur le plan pratique, dans le pays voisin, où il peut trouver davantage de débouchés. C’est très complexe à organiser. Mais l’objectif est bien de transformer les frontières en passoire et, grâce à un entrelacement de nos systèmes de formation, d’améliorer la qualification des jeunes, en tant que futurs employés ».
« Un apprenti français dans une entreprise sarroise »
« Là aussi, deux accords ont été signés », précise-t-elle avec satisfaction. « Le premier en septembre 2013 dans la région métropolitaine du Rhin supérieur; le second en juin 2014 entre la Sarre et la Lorraine, qui prévoit notamment une école de la seconde chance. Par exemple, un apprenti français peut être formé dans une entreprise sarroise mais suivre la théorie en français dans un lycée français. Il passe l’examen en France mais a la possibilité, s’il le désire, de candidater pour obtenir le diplôme allemand équivalent ».
« Les deux États s’engagent aux côtés des régions transfrontalières »
« De tels accords rendent concrète la déclaration adoptée le 22 janvier 2013 à Berlin par le 15° conseil des ministres franco-allemand, qui accordait une large place à la coopération transfrontalière et à l’intégration entre régions », insiste Annegret Kramp-Karrenbauer. »Elle stipule notamment que les deux États s’engagent à ce que les régions transfrontalières franco-allemandes se rapprochent davantage notamment dans les secteurs de l’économie, du marché du travail, de la santé, de la formation, de l’éducation et de la sécurité ».
« La ‘Stratégie France’ de la Sarre »
« Enfin, troisième développement récent : l’ensemble des Länder allemands et des académies françaises sont parvenus pour la première fois à lancer un réseau franco-allemand des écoles maternelles bilingues dans les deux pays, avec des critères de qualité communs », sourit-elle. « Il compte déjà 109 établissements dans les deux pays,  dont 27 dans la Sarre. Celle-ci arrive également largement en tête parmi les Länder en ce qui concerne l’apprentissage du français dans les écoles d’enseignement général : 58,28% de élèves de la Sarre apprennent le français à l’école contre une moyenne fédérale de 18,48% – en France, 15 % des élèves apprennent l’allemand, un chiffre reparti à la hausse, et je remercie la ministre Najat Vallaud-Belkacem qui a décidé de créer 500 postes de professeur d’allemand supplémentaires ».

« Le 21 janvier 2014, nous avons d’ailleurs lancé la ‘Stratégie France’ de la Sarre », souligne la ministre présidente de ce Land. « Par son histoire et par son voisinage, la Sarre est déjà le Land le plus marqué par la France. Nous voulons consolider cet acquis et faire en sorte qu’elle soit le plus français des Länder allemands. Nous voulons qu’elle devienne un centre de compétences pour les relations franco-allemandes. Que notre devise soit : ‘la France, c’est notre talent’ ».
« Le français, langue supplémentaire à côté de l’allemand »
« Nous allons beaucoup miser sur le plurilinguisme », détaille-t-elle. « Notre objectif est que d’ici trente ans, l’allemand, en tant que langue officielle et de l’éducation du Land, soit complété le plus systématiquement possible par le français, comme langue véhiculaire supplémentaire, tandis que l’anglais servira de lingua franca globale. C’est un processus qui concerne dès à présent les enfants nés en 2013, qu’on appelle ‘l’année de l’Élysée’ dans la mesure où c’était celle du cinquantenaire du traité de l’Élysée« .
Un tiers des maternelles de la Sarre sont bilingues
« Nous avons en effet prévu que dès le plus jeune âge, les enfants aient la possibilité de fréquenter des crèches et des écoles maternelles franco-allemandes », poursuit Annegret Kramp-Karrenbauer. Il y a 490 maternelles dans la Sarre dont 170 sont déjà bilingues. A la rentrée 2015, il y en aura dix de plus. Nous envisageons de répandre cet enseignement précoce dans la moitié des maternelles sarroises notamment en recrutant un personnel spécialisé de langue maternelle française. Au primaire, tous les enfants apprendront le français. Actuellement, cela commence à la troisième année. Nous voulons que cela soit dès la première année et que leur apprentissage soit sanctionné à l’issue du primaire par un diplôme de certification DELF-Prim« .
« Dix huit mille travailleurs frontaliers français »
« Par ailleurs, nous nous inspirons du Luxembourg, où le plurilinguisme est une réalité et où l’on comprend que la présence d’une langue dans l’espace public crée un contact permanent qui favorise son apprentissage », argumente-t-elle. « En outre, dix mille Français vivent dans la Sarre, 18 000 frontaliers français viennent chaque jour y travailler, essentiellement depuis la Lorraine, et les filiales d’entreprises françaises représentent 6000 emplois ».
« Un espace public plurilingue »
« Nous allons donc développer un espace public plurilingue : toute communication administrative publique, que ce soit des formulaires, des panneaux de signalisation ou d’information, devra être progressivement adaptée. Non seulement le Land mais aussi les municipalités et les entreprises de transport comme la Deutsche Bahn ou la Saarbahn peuvent y apporter leur contribution. Des campagnes de recrutement de ressortissants français dans l’administration régionale et municipale, y compris dans les services de police, seront lancées. Des contenus francophones devraient être intégrés dans la communication des radios et télévisions publiques ».

« Cette politique s’inscrit dans une stratégie de développement du Land », explique la ministre présidente. « Si nous jouons notre carte de passerelle entre l’Allemagne et la France, nous pouvons en attendre l’implantation d’entreprises allemandes, françaises, européennes ou internationales intéressées par notre savoir-faire en la matière ».
« Chômage des jeunes : 7% dans la Sarre, 22% en Lorraine »
« De même pour la coopération en matière d’apprentissage. Le taux de chômage des jeunes est de 7% dans la Sarre, de 22% en Lorraine. Nous devons être visionnaires pour offrir aux jeunes de notre région transfrontalière des perspectives, que ce soit en France ou en Allemagne. S’ils émigrent, s’ils quittent la région, ils seront perdus pour tout le monde. Or nous avons des opportunités d’emplois dans la Sarre. Le conseil général de la Moselle et la région Lorraine nous répondent d’ailleurs avec une ‘Stratégie Allemagne’, ce dont je suis très heureuse. C’est une chance commune ».
« Faire profiter l’Union européenne »
« Et si l’on réussit, cela pourra profiter à l’Union européenne, qui a lancé un grand programme contre le chômage des jeunes disposant de moyens conséquents mais peinant à susciter des projets : la coopération transnationale en ce domaine, ce n’est pas seulement un problème financier. Il y a un enjeu culturel et structurel très important. L’Allemagne et la France ont cette responsabilité et cette chance de pouvoir montrer l’exemple ».
« Français et Allemands, savoir se comporter en bons amis »
Très impliquée dans le franco-allemand ces dernières années, Annegret Kramp-Karrenbauer affirme qu’elle y travaillé dans un contexte de « rapports excellents et amicaux ». « La relation franco-allemande a la capacité de maitriser les écarts, de supporter les différences », conclut-elle. « Mais il faut savoir se comporter en bons amis, se parler entre soi plutôt que de prendre à témoin la place publique ou la presse. Les Français sont plutôt pour, si l’on en croit un récent sondage« .

Raids US en coordination avec la Syrie… mensonges et secrets !

Raids US en coordination avec la Syrie… mensonges et secrets !


Les raids aériens US sur les sites occupés par les terroristes de Daech, de Jabhat al-Nosra et apparentés, dans les provinces syriennes de Raqqa, Hassaka, Deir ez-zor et Idleb hier matin [23 septembre], constituent une timide inflexion de la part des États-Unis qui, pour autant, ne sont pas allés jusqu’à admettre l’urgente nécessité de réajuster leur politique anti-syrienne et abandonner leurs mensonges tonitruants, notamment celui concernant leur pari sur ceux que le président Obama qualifie maintenant d’opposants « modérés », oubliant qu’il avait lui-même déclaré qu’un tel pari serait pure fantaisie [1] !
Mais, il faut croire que sa « Guerre contre Daech » a ouvert une brèche permettant  aux États-Unis et à leurs alliés de reconsidérer ce pari fantaisiste, puisque dès son annonce elle s’est accompagnée du rejet de toute collaboration avec la Syrie et de la reprise du refrain invitant à armer et à entraîner une prétendue « opposition syrienne modérée » [2][3].
L’escalade verbale contre la Syrie a donc repris de plus belle. La Russie est alors intervenue pour conseiller aux autorités syriennes de se déclarer prêtes à participer à toute alliance internationale sérieusement déterminée à combattre le terrorisme tout en alertant sur les dangers d’une quelconque action menée sur le territoire syrien sans coordination avec l’État syrien, ceci pour permettre à Moscou de négocier avec Washington dans de meilleures conditions.
Le ministre syrien des Affaires étrangères, M. Walid al-Mouallem, a tenu une conférence de presse où il a précisé clairement et fermement les conditions requises pour une telle collaboration [4], précisions qui n’ont pas empêché les États-Unis de continuer sur le même refrain. En conséquence de quoi, Moscou et Téhéran ont déclaré soutenir la position syrienne et ont condamné toute velléité de violation de la souveraineté de l’État syrien.
La chaîne CNN a accordé un entretien à Mme Bouthaïna Chaabane, conseillère politique du Président Bachar al-Assad [5]. Mme Chaabane a rappelé les positions de son gouvernement, mais les médias US ont fait en sorte que son message se transforme en menace pour justifier le discours ultérieur de M. Obama ; lequel a réellement menacé de frapper les forces de défense aérienne syriennes si jamais elles osaient riposter à ses attaques [6].
Les raids US ont eu lieu et le Pentagone a conseillé à François Hollande, l’allié le plus enthousiaste pour participer à l’agression contre la Syrie, de ne pas s’approcher de la Syrie, de son espace aérien et de son territoire. Illico presto, ce dernier a déclaré qu’il n’avait pas l’intention d’envoyer son aviation sur la Syrie, mais qu’il limiterait ses mouvements à l’Irak [7].
Que s’est-il donc passé pour que Washington prévienne les autorités syriennes des détails de ses opérations aériennes et que la Syrie accepte de considérer ce préavis comme une coordination, même ponctuelle ?
Une source irakienne très bien informée a confié à Al-Binaa que les Services de renseignement irakiens ont recoupé une série d’informations de la plus haute importance avec leurs collègues des services occidentaux. Les Services US ont pu vérifier leur bien-fondé en Turquie et des consultations ont eu lieu avec la Syrie.
Ces informations se résument à dire que des armes sophistiquées et des formations combattantes, dirigées par des chefs notoirement connus, sont arrivées dans les zones syriennes contrôlées par Daech, via la Turquie.
Selon cette même source irakienne, l’Iran étant parfaitement au courant de ce qui se passait a considéré que l’énormité de ce qui se tramait méritait de dépasser les réserves des uns et des autres et de réduire le niveau de tension entre les USA et la Syrie. Les événements du Yémen ayant entraîné un rapprochement forcé de ses points de vue avec les USA, l’Iran a exigé des garanties les engageant à ne pas cibler des positions syriennes, ni cette fois-ci, ni plus tard, sous le prétexte des frappes contre les positions de Daech. Ce que l’Iran a obtenu.
De son côté, la Russie a exigé que les USA préviennent à l’avance le gouvernement syrien des frappes aériennes sur les cibles spécifiques de Daech et lui fournissent les notifications concernant les couloirs aériens et les horaires d’entrée et de sortie de l’espace aérien syrien, pour que le tout soit programmé sur les réseaux de la  défense aérienne syrienne, modernes et de fabrication russe.
Quant à la Syrie, elle a insisté sur deux points. Le premier consistant à ce que les États-Unis prouvent leur sérieuse volonté de combattre Daech en amenant la Turquie à rejoindre officiellement l’alliance internationale de lutte contre le terrorisme, dirigée par les USA, et à arrêter l’afflux d’armes et de combattants vers la Syrie. Le second consistant à ce que les États-Unis livrent leurs données par l’intermédiaire du délégué permanent de la Syrie auprès des Nations Unies à New York, le Docteur Bachar al-Jaafari, pour que la coordination se fasse dans un cadre diplomatique.
Toujours selon la source irakienne, Washington a répondu favorablement à ces deux conditions mises en avant par la Syrie, en posant deux conditions à son tour : les États-Unis ne cesseront pas de clamer leur rejet de toute collaboration avec le gouvernement syrien ni ne cesseront de soutenir l’opposition qu’ils qualifient de « modérée ».
Et cette source d’ajouter que l’opération US, méticuleusement préparée pendant des jours et qui a usé de missiles Tomahawk, a ciblé et intégralement détruit les entrepôts souterrains d’une usine fabricant des armes chimiques ainsi que les camions transportant les matières nécessaires à leur fabrication, lesquels auraient posé un problème insoluble militairement s’ils étaient restés aux mains de Daech un mois de plus !
Cette même source a nié que des pays arabes, et notamment l’Arabie saoudite, aient participé aux raids aériens, contrairement à ce que racontent les médias.
Et la source irakienne de conclure : « Si les USA mentent en prétendant qu’ils n’ont pas prévenu à l’avance le gouvernement syrien des frappes aériennes sur des positions de Daech, leurs alliés arabes mentent encore plus lorsqu’ils prétendent y avoir participé ! ».
Nasser Kandil
24/09/2014

Syrie : Obama mobilise les pays arabes contre les djihadistes

Syrie : Obama mobilise les pays arabes contre les djihadistes 


Washington et cinq pays arabes ont frappé l’EI en Syrie. Obama dispose d’un consensus de la classe politique américaine.

Une nuée de missiles Tomahawk, des bombes et des missiles tirés par des drones, des chasseurs F15, F16, F18 et, pour la première fois, le fameux furtif F22. Les Etats-Unis n’ont pas lésiné sur les moyens, dans la nuit de lundi à mardi, pour frapper l’Etat islamique (EI) en Syrie pour la première fois. Ils étaient appuyés par rien moins que cinq pays arabes, la Jordanie, le Qatar, Bahreïn, l’Arabie saoudite et les Emirats arabes unis.
Un développement géostratégique majeur, puisqu’il s’agit de la première participation de pays arabes à une opération américaine depuis la guerre du Golfe en 1991. Ceux-ci répugnaient à s’impliquer militairement, même s’ils appelaient à une action internationale contre un EI déstabilisant toute la région. Ils craignaient des représailles de l’EI sur leur sol, notamment en Jordanie. Sans compter que tout alignement sur les Etats-Unis reste délicat à gérer vis-à-vis de leur peuple. Au total, 120 combattants de l’EI auraient été tués en 14 raids, notamment sur Raqa, la « capitale » de l’EI.
Si Washington peut se targuer d’avoir « emmené » presque toutes les monarchies de la péninsule arabique dans son aventure en Syrie (mais aucun allié occidental), la situation s’avère toutefois confuse. L’EI frappé par les Etats-Unis est l’ennemi du régime syrien, que ces mêmes Etat-Unis menaçaient précisément de raids il y a un an.
Washington maintient que le régime syrien n’est plus un interlocuteur légitime, en raison des massacres de civils auxquels il se livre depuis trois ans, mais il a pris soin de prévenir Damas des raids menés. Les frappes ont aussi visé des combattants du groupe Khorassan près d’Alep, une unité liée à Al Qaida (et donc rivale de l’EI), très discrète mais considérée par Washington comme aussi dangereuse que l’EI en raison de sa capacité à fabriquer des bombes indétectables pour d’éventuels attentats aériens.

Un tournant décisif

Ces frappes marquent un tournant décisif pour Barack Obama. Elles prouvent que les pays du golfe Persique, sunnites comme chiites, sont prêts à mettre leurs querelles de côté pour combattre les militants islamistes. En associant des pays arabes, le président américain parvient ainsi à incarner la grande coalition qu’il appelait de ses vœux il y a deux semaines : l’offensive en Syrie apparaît moins comme une attaque de l’Occident contre le Moyen-Orient, et davantage comme un combat mondial contre le terrorisme.
« La coalition montre clairement au monde qu’il ne s’agit pas d’un combat mené par l’Amérique seule», a martelé Barack Obama hier, devant la Maison-Blanche. Le président turc a, pour la première fois hier, indiqué que la Turquie pourrait apporter un soutien logistique ou militaire contre l’EI. Une aide plus aisée à fournir depuis que 46 otages turcs pris en Irak ont été libérés ce week-end.

Un symbole fort

Les frappes en Syrie sont toutefois beaucoup plus périlleuses qu’en Irak : d’abord parce que le gouvernement syrien n’a jamais demandé l’aide de l’Amérique, contrairement au gouvernement irakien. Washington doit ainsi mener l’offensive en prenant bien garde à ce qu’elle ne profite pas à son grand ennemi Bachar Al Assad.
Deuxième problème : les Etats-Unis agissent sans l’aval de l’ONU. Le Conseil de sécurité que Barack Obama réunira cet après-midi autour de la menace terroriste donnera certes l’impression d’un certain consensus (hormis la Russie) entre les grandes puissances mondiales. Ce n’est d’ailleurs que la deuxième fois qu’un dirigeant américain préside une telle instance, ce qui en fait un symbole fort. Mais, dans les faits, « les Etats-Unis se fichent un peu de l’ONU », confient plusieurs diplomates à New York.
« Si Barack Obama y consacre tant d’énergie aujourd’hui, c’est parce qu’il sait que c’est important pour les pays de la coalition », ajoutent-ils. Plusieurs pays, dont la France, ne sont pas à l’aise avec l’idée d’agir sans résolution de l’ONU. Le ministre des Affaires étrangères, Laurent Fabius, a d’ailleurs répété lundi que la France ne participerait pas aux frappes en Syrie. Une fois n’est pas coutume, Barack Obama peut en revanche compter sur le soutien unanime des républicains : « Pour vaincre ISIS, nous devons couper la tête du serpent, qui se trouve en Syrie », a ainsi fait valoir le « faucon » Michael McCaul.

Syrie : les USA élargissent leurs plans de guerre

Syrie : les USA élargissent leurs plans de guerre


Syrie : les USA élargissent leurs plans de guerre

Par La Voix de la Russie | Les raids aériens contre les positions des extrémistes de l'État Islamique sur le territoire de l'Irak et de la Syrie ne satisfont plus les États-Unis.

Le Pentagone insiste sur la tenue de l'opération terrestre. Une série de pays ont exprimé la volonté de soutenir cette initiative de Washington. Mais d’autres trouvent que sans le mandat du Conseil de Sécurité de l'ONU, les hostilités de l'Ouest dans la région peuvent provoquer le début de la troisième guerre mondiale.
Les États-Unis ont commencé à porter des attaques frappes aériennes sur les positions des terroristes de l’EI sur le territoire de la Syrie sans la sanction du Conseil de Sécurité de l'ONU et l’autorisation de Damas. Le Pentagone n’a pas encore adressé de demande officielle sur la tenue de l'opération terrestre. Les résultats du sondage de l'opinion publique effectué par la compagnie américaine de télévision NBC et le journal The Wall Street Journal l’ ont montré : 72 % de la population des États-Unis doutent que le président Barak Obama tienne sa promesse de ne pas envoyer les soldats contre les extrémistes de l’EI.
En Grande-Bretagne, l'opinion du Pentagone a été perçue avec compréhension. La Turquie a même admis la participation de ses militaires. Damas reconnait la nécessité de la lutte de la coalition internationale contre les extrémistes de l’EI. Seulement, les objectifs, les délais et les moyens de l'opération militaire sur le territoire de l'Irak et de la Syrie doivent être coordonnés au Conseil de Sécurité de l'ONU et correspondre au droit international. Mais Washington ignore cette condition. Parallèlement à la lutte contre le terrorisme, les États-Unis ont l'intention de réaliser leur ancien projet du renversement du régime de Bachar Assad, marque le président de l'Institut du Proche-Orient Evgueny Satanovsky.
« Les États-Unis ne renoncent pas à l'idée du renversement du président Assad, du remplacement du pouvoir en Syrie, mais il est impossible de séparer l'opération terrestre contre les islamistes et les frappes contre les troupes d'Assad. »
Le Pentagone insiste sur la tenue d’une opération terrestre. Une série de pays ont exprimé la volonté de soutenir cette initiative de Washington. Mais selon d’autres, sans le mandat du Conseil de Sécurité de l'ONU, les hostilités de l'Ouest dans la région peuvent provoquer le début de la troisième guerre mondiale.
Les États-Unis ont commencé à porter des frappes aériennes sur les positions des terroristes de l’EI sur le territoire de la Syrie en passant outre l’aval du Conseil de Sécurité de l'ONU et l’autorisation de Damas. Le Pentagone n’a pas encore adressé de demande officielle sur la tenue de l'opération terrestre. Les résultats du sondage d'opinion effectué par la compagnie américaine de télévision NBC et le Wall Street Journal l’ont montré : 72 % de la population des États-Unis doutent que le président Barak Obama tienne sa promesse de ne pas envoyer de soldats contre les extrémistes de l’EI.
En Grande-Bretagne, l'opinion du Pentagone a été perçue avec compréhension. La Turquie a même admis la participation de ses militaires. Damas reconnaît la nécessité de la lutte de la coalition internationale contre les extrémistes de l’EI. Seulement, les objectifs, les délais et les moyens de l'opération militaire sur le territoire de l'Irak et de la Syrie doivent être coordonnés au Conseil de Sécurité de l'ONU et correspondre au droit international. Mais Washington ignore cette condition. Parallèlement à la lutte contre le terrorisme, les États-Unis ont l'intention de réaliser leur ancien projet du renversement du régime de Bachar Assad, note le président de l'Institut du Proche-Orient Evgueny Satanovsky.
« Les États-Unis ne renoncent pas à l'idée du renversement du président Assad, du remplacement du pouvoir en Syrie, mais il est impossible de séparer l'opération terrestre contre les islamistes et les frappes contre les troupes d'Assad. »
Mais si parallèlement aux actions contre les terroristes Washington tente de changer le régime syrien, l'Occident avec les États-Unis en tête, connaîtra des difficultés encore plus grandes, selon l'expert-orientaliste de l'Institut des évaluations stratégiques et de l'analyse Sergueï Demidenko.
« Si Washington renverse Bachar Assad, il y aura plus de groupements tels que l’EI qu’il a créé d'abord, et contre lequel il mène maintenant une lutte héroïque. Bachar Assad –c’est une des forces régionales les plus importantes qui endiguent la propagation de l'Islam radical. Le régime de Bachar Assad, l'Iran, les chiites irakiens, les Kurdes – ce sont les forces qui luttent maintenant le plus activement contre l’EI et subissent les pertes les plus grosses. Et si les États-Unis réussissent à renverser Bachar Assad, Israël ne leur pardonnera jamais les troubles que cela engendrera. »
Plusieurs experts estiment qu'après le remplacement violent du pouvoir en Syrie, les conflits proche-orientaux tourneront en guerre mondiale. Alors, tout le monde en souffrira – les pays de la région et ceux qui se trouvent loin de là, prévient le président de l'Institut du Proche-Orient Evgueny Satanovsky.
« La troisième guerre mondiale est une guerre des civilisations. La guerre de l'Islam radical contre tous les autres groupes islamiques au Proche-Orient, et contre tous ceux qui ne se rapportent pas au monde islamique. En ce sens, la Syrie, c’est le dernier bastion. Le gouvernement syrien endigue les forces énormes des terroristes qui frapperaient dans le cas contraire sur d'autres axes. »
Officiellement, Washington n'a pas encore annoncé le début de la phase terrestre de l'opération contre les extrémistes de l’EI. Mais le président Obama a déjà reconnu que la menace provenant de l'organisation terroriste l'État Islamique était sous-estimée, et que la capacité les militaires irakiens de résister aux extrémistes était, au contraire, surestimée. C'est pourquoi, l'opération en Irak et en Syrie se prolongera non pas pendant quelques mois, mais au moins pendant trois ans.

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